Méditations par le père Jean-Marie Roumégoux
☛ Fontaudin - 2ème dimanche de l'Avent 6 décembre 2020
MARC 1, 1-8
En ce temps-là l’ordre règne en Palestine.
Tous les grands de la terre, politiques ou religieux, sont convoqués au rendez-vous de l’histoire et nous savons ce que signifiait la « Pax romana » cachant tant de violences et d’injustices. Alors surgit un inconnu, un marginal qui vit dans le désert où il n’y a rien. La parole de Dieu l’a saisi et tout se met à changer. Il n’est plus question de Temple, de maison, d’ordre établi, de personnes reconnues mais au contraire de routes, de passages, de plongeon (étymologie de « baptême »), de retournement (synonyme de « conversion »), d’universalité (tout homme). C’est à nous que s’adressent aujourd’hui ces paroles : « Préparez le chemin du Seigneur ».
Le désert
Dans le texte grec il n’y a pas de ponctuation. On peut rattacher ce mot désert soit à la « voix qui crie dans le désert » soit à la phrase suivante « préparer dans le désert ». Peu importe. Aujourd’hui nous avons du mal à vivre notre situation. Même si nous sommes confinés avec d’autres, nous avons l’impression de vivre seuls, isolés, un peu perdus, sans points de repère. L’horizon se révèle fuyant. L’eau de la vie se fait rare. Nous sentons la brûlure de la soif. Même ce Dieu que nous avons adoré dans notre enfance ou notre jeunesse devient lointain et silencieux. C’est le désert ! Et pourtant, par delà les siècles, Jean le Baptiste et le Seigneur lui-même nous demandent d’assumer notre situation, de ne pas nous décourager, de continuer à veiller, à lutter, à persévérer. Fils de prêtre (juif), Jean le Baptiste ne veut pas se laisser enfermer dans sa religion avec le Temple, les sacrifices, la routine. Il part au désert loin des sentiers battus.
Préparez
C’est dans ce désert qu’il nous faut vivre et agir même si parfois nous nous sentons seuls et impuissants devant la tâche à accomplir. Il nous faut d’abord conforter notre foi. Il nous est bon de retrouver la parole de l’ange prononcée justement à propos de la naissance de Jean le Baptiste : « Rien n’est impossible à Dieu » (Luc 1, 37).
Certes la foi est un don. Nous ne pouvons ni nous la donner ni la transmettre mais nous pouvons préparer les conditions pour qu’elle puisse surgir en nous et chez les autres, démarche d’humilité et de persévérance. Alors les paroles du prophète prendront des aspects concrets nous engageant dans des actions de droit et de justice. Il nous faut ouvrir des lieux d’accueil et de partage, renverser les murs du racisme et de l’exclusion, briser les chaînes d’un monde injuste où ceux qui possèdent en veulent toujours plus, redresser les chemins tortueux de l’égoïsme et de la corruption. Tout homme verra le salut La nouvelle encyclique du pape François ne s’adresse pas qu’aux chrétiens. Elle concerne tous les hommes quels qu’ils soient. Nous devons vivre en frères. Combien nous sommes redevables au concile Vatican II qui dans son ambition pastorale a voulu rendre l’Église vraiment catholique. Il ne s’agit pas simplement d’approfondir les dogmes déjà définis mais de considérer les valeurs de l’histoire et du monde comme une carrière dans laquelle nous venons puiser les belles pierres (valeurs) qui s’y trouvent. La nouveauté ne doit pas nous faire peur mais nous devons sans cesse discerner et porter sur le monde le même regard bienveillant du Christ. Il nous faut sans cesse accueillir et réfléchir sur ces questions nouvelles à la lumière de l’Évangile et de la personne de Jésus. Nous nous rappellerons cette phrase du Père Congar à propos de ceux qui opposent Église au monde : « A vouloir une religion sans monde on risque de se retrouver avec un monde sans religion ». Nous y sommes. Alors préparons Noël : « Paix aux (à tous les) hommes que Dieu aime » AMEN
J-M. Roumégoux
☛ Fontaudin - 1er dimanche de l'Avent 29 novembre 2020
Marc 13, 33-37 Fontaudin
Dans le credo nous affirmons que le Christ reviendra pour juger les vivants et les morts. Ce n’est pas une invention de l’Église pour faire peur. Les paroles du Christ au sujet de la fin des temps sont foncièrement optimistes. Le mal peut s’emballer par moment, il ne peut détruire ce genre de vie nouvelle qui nous introduit dans la résurrection du Seigneur et nous permet de recevoir le don de l’Esprit.
Des veilleurs qui attendent.
Nous serons jugés sur l’amour, sur le service de nos frères et particulièrement de ceux qui sont dans la détresse, c’est bien la leçon que nous délivrait l’évangile de dimanche dernier.
Mais la vie chrétienne est d’abord cette relation personnelle à ce Dieu qui nous aime le premier. C’est l’essentiel de la révélation que Jésus nous a faite de la part de son Père du ciel. Il viendra, le moment voulu, mais nous ne savons quand, pour nous introduire dans l’amour total de la Trinité, Père, Fils et Esprit.
Jésus nous demande de veiller, d’être de ceux qui l’attendent. Qu’est-ce à dire ? Je reprendrai les mots de Newman : « Savez-vous ce que c’est que d’avoir un ami, d’attendre qu’il vienne et de le voir tarder ? Savez-vous ce que c’est que de désirer que le temps passe vite en attendant la venue de quelqu’un qui vous fait battre le cœur ? Savez-vous ce que c’est que d’avoir un ami au loin, d’attendre de ses nouvelles, de vous demander jour après jour ce qu’il fait en ce moment, s’il se porte bien ? Veiller dans l’attente du Christ est un sentiment qui ressemble à cela ».
Des veilleurs libres et responsables.
Cette mini-parabole du maître qui part en voyage exprime bien notre situation. Le maître a remis tous ses biens. Quelle confiance ! Pour respecter notre liberté, il crée un nouvel espace : celle de l’absence ; c’est l’espace des choix.
Quand le maître était là c’était le temps du confort, de la certitude, on se reposait sur lui. Maintenant c’est le temps de la foi. La foi n’habite que le temps de l’absence et nous met enfin en face de nos responsabilités.
L’Esprit de Dieu, l’Esprit de Jésus nous est donné pour que justement nous puissions agir dans la suite du Christ. Le temps de l’absence est bien le temps de la responsabilité, chacun a reçu une charge à assumer, un travail à accomplir. L’exemple des Apôtres est bouleversant : quand le maître était là, ils ont bien peu d’initiatives et souvent malheureuses. Après le départ du Maître et la venue de l’Esprit, quelle ardeur ! Quel dynamisme ! Selon l’annonce du maître lui-même, ils accomplissent des œuvres plus grandes que Lui…En moins de 50 ans l’Évangile, franchissant les frontières de la Palestine, est annoncé dans tout le bassin méditerranéen.
Des veilleurs qui agissent
Cette attente de l’ami ne peut se faire passivement. Combien de fois Jésus vient à la rencontre de gens qui sont assis ou couchés. Pour les guérir ou les « sauver » il les invite à se lever et à partir, « va ».
L’avenir ne se fera pas sans nous. Notre attente est contemplative sans devenir quiétiste, c’est-à-dire attendre tout de Dieu sans bouger. Elle est active sans devenir pélagienne c’est-à-dire ne croire qu’en sa propre action. Quand elle est contemplative, notre attente s’appelle espérance, quand elle est active notre attente s’appelle volonté.
Dans notre monde si changeant, que certains appellent « liquide » parce que l’on ne peut s’appuyer sur rien de solide, dans un monde où souvent prédomine la loi de la jungle, celle du plus fort, notre pape François nous invite à nous conduire , contre vents et marées, comme des fils de Dieu et comme des frères. Voila comment nous serons de véritables veilleurs. AMEN
J-M. Roumégoux
☛ Fontaudin - 21ème dimanche - 23 août 2020
Voici plus d’un an que les apôtres cheminent à travers villes et villages de Palestine. Aujourd’hui ils s’aventurent en pays païen, à Césarée de Philippe. En Jésus ils découvrent une autre manière de parler de Dieu, de se situer par rapport à lui. Jésus parle souvent d’un Royaume qu’ils ont de la peine à cerner. Qui est cet homme ? C’est Jésus lui-même qui leur pose la question.
Les réponses fusent. On le compare aux plus grands, à Jean-Baptiste, aux prophètes.
« Et vous ? » Une réponse personnelle, la réponse de Pierre, une vie en Eglise.
Une réponse personnelle
Nous faisons bien la différence entre connaître quelqu’un en sachant des choses sur lui et le connaître en entretenant une relation personnelle avec lui.
Je me souviens d’une maman qui avait accepté d’accompagner le groupe de catéchisme de sa fille. Elle n’était pas très sûre de sa foi. Elle parlait de Jésus en suivant le livre. Un jour sa fille lui avait posé la question : « Mais toi, maman, qu’est-ce que tu penses de Jésus ? » Autrement dit : « Qui est Jésus pour toi ? »
C’est bien la question qui nous est posée ce matin. Nous faisons la différence entre savoir des choses sur Dieu et sur Jésus, savoir notre Je crois en Dieu et d’autre part croire en Dieu. Croire est à bien distinguer du savoir.
Le savoir est indispensable si ne voulons pas verser dans l’inintelligence. Mais croire en quelqu’un c’est différent. C’est se fier, c’est aller la rencontre, c’est s’engager. Acte qui fait appel à notre volonté et à notre liberté.
C’est pour cette raison que l’acte de foi est essentiellement personnel et qu’il ne peut se transmettre. Par contre c’est le rôle des parents, des éducateurs, des témoins de permettre et de favoriser cet acte de foi.
La réponse de Pierre
Comme dans bien d’autres circonstances Pierre est cité en premier ; il prend l’initiative. Il assume déjà cette relation personnelle entre un « Je » et un « vous », entre un maître et sa communauté. Il reconnaît : « Tu es le Christ/ Messie, le Fils du Dieu vivant ». Pierre est déclaré « heureux ». Pierre est ce rocher sur lequel se construira une communauté nouvelle.
La puissance de la mort ne pourra rien contre une communauté fondée sur la relation vivante d’un disciple avec son Seigneur.
Après sa résurrection Jésus confiera son Église à ses disciples. Aujourd’hui il la confie à Pierre comme responsable pour qu’il préside à l’unité et à la charité.
Au long des siècles le rôle et l’identité des évêques ainsi que la primauté du pape se préciseront sous la mouvance de l’Esprit-saint. Le Concile Vatican II, le pape François et nos évêques en sont les derniers et dynamiques acteurs.
Vie en Église
C’est Dieu qui donne la foi et nous la recevons par l’Église, l’Église que nous sommes tous, l’Eglise qui vit la foi et qui accueille les croyants. Nous ne devons jamais séparer le Christ de son Église.
Pensons à notre prière, le Notre père. Il ne nous vient pas à l’idée de dire : « Mon père ». Les disciples de Jésus prient au pluriel, même au cœur de leurs prières les plus singulières. Nous adoptons le langage de la communauté.
Au baptême nous sommes entrés dans une communauté. Le baptême est toujours reçu. On ne se baptise pas soi-même.
Encore faut-il que l’Église soit visible pour que l’on puisse la rejoindre. C’est la mission des chrétiens dispersés qui partagent les joies et les peines de ce temps et dont la vocation est d’être des disciples missionnaires.
Disciples missionnaires nous le serons si nous nous réjouissons avec tous nos frères humains, chrétiens ou non, de tout ce qui dans le monde va dans le sens de la vie et de l’amour.
Nous le serons si nous nous engageons dans des associations, des organisations, es mouvements qui vont œuvrer pour rendre notre société plus humaine vraiment au service de tous.
Nous le serons si nous faisons exister une communauté, comme la nôtre aujourd’hui, qui soit priante, accueillante, qui peut dire en vérité à celui que nous avons invité : « Viens et vois ». AMEN J-M. Roumégoux
☛ Dimanche 16 août 2020 Matthieu 15,21-28
Peut-on dire que Jésus s’est converti sans encourir le qualificatif de « blasphémateur » ? Si Jésus est le Fils de Dieu, il sait tout, il connaît tout, il peut tout. Il ne peut donc changer. D’autre part nous proclamons dans le credo que Jésus est vrai homme, donc qu’il apprend, qu’il progresse (Luc 2, 52). Nous ne pouvons nous représenter cette réalité de l’Incarnation. Nous parlons du mystère de l’Incarnation : Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme.Ce passage de l’évangile de Matthieu est exemplaire. (L’explication du premier refus de Jésus comme moyen d’éprouver la foi de cette femme ne me paraît pas bien convainquant).
Le cri d’une femme.
A travers son cri nous entendons et d’une manière aussi violente toutes les détresses de nos vies. Celles qui nous touchent de près et que nous subissons dans notre corps ou dans nos coeurs, celles que nous relatent les médias venant des quatre coins du monde : la douleur de cette maman lorsque disparait le fruit de sa chair, la souffrance de ces familles victimes d’accidents, de guerres ou de catastrophes naturelles. Nous ne saurons oublier le cri du Christ- lui-même mourant sur la croix.
Le silence de Dieu
Dans un premier temps Jésus semble insensible. Il est tout entier immergé dans sa religion selon laquelle un juif ne se commet pas avec un païen. Mais le cri de cette femme éveille en lui d’autres figures de l’Ancien Testament par exemple la veuve de Sarepta, de Naaman le Syrien, figures auxquelles il avait fait allusion au debut de son ministère à Nazareth (Luc 4, 25-27).Finalement Jésus acquiesce à la demande de la Syro-phénicienne : « Que tout se fasse comme tu veux ».Parfois l’action précède la réflexion. Quand le geste va dans le sens de la vie et de l’amour, nous découvrons, émerveillés, la présence de l’Esprit-saint, l’amour du Père pour tous ses enfants.En ce moment de sa vie, en territoire paîen, Jésus. prend conscience de l’universalité de l’amour de son Père. Tous les hommes, juifs, paîens, étrangers, croyants ou non, sont les fils bien-aimés de son Père et donc ses frères.En préparant sa mort le soir de la dernière C-ne comme nous rendront présent cet acte d’amour, Jésus parlera de son corps et de son sang versé pour la multitude. Pour tous les hommes.
L’action de Dieu et notre action
Dieu n’intervient pas immédiatement. Il ne fait pas les choses à notre place. Il respecte notre liberté de décision et d’action.Dieu n’est pas intervenu quand son Fils mourrait sur la croix. Dieu n’intervient pas sauf miracle dans les situations dramatiques que nous vivons.Mais ce sont nos propres interventions qui pourront changer le cours des choses.A la suite de Jésus et forts de l’amour du Père nous avons à dépasser nos propres préjuges, à rester sensibles à l’appel de nos frères en détresse proches ou lointains.C’est bien cela l’envoie des Apôtres au soir de la résurrection et au jour de la Pentecôte.C’est bien l’invitation que nous adresse notre Pape François quand il souhaite une Eglise en sortie.Malgré l’indifférence de beaucoup, malgré notre fatigue, nous avons à rejoindre l’acte d’amour du Christ présent en chaque eucharistie pour servir nos frères, pour offrir sa vie et vouloir notre vie au service de tous.
AMEN J-M Roumégoux
☛ Fête de l'Assomption - Dimanche 15 août 2020
Luc 1, 39-56
Si au jour de Pâques nous fêtons la résurrection du Christ nous pouvons dire que le 15 Août nous fêtons la Pâque de Marie, son Assomption, sa vie de ressuscitée avec son fils ressuscité. C’est la Pâque de l’été. Invitation à travers toute la vie de Marie de réfléchir à ce que nous serons par delà la mort ; et aussi ce que nous devons vivre sur cette terre. Marie du ciel, Marie de la terre. Marie mère de l’Église.
Marie du ciel
Marie participe à la résurrection de son fils, la résurrection au sens biblique qui n’est pas à concevoir comme la réanimation d’un cadavre, ni comme la simple immortalité de l’âme dépourvue de toute réalité corporelle, ni comme une réincarnation dans une autre existence, ce qui nierait le caractère unique de notre existence.Elle est résurrection de la chair comme nous le proclamons dans notre « credo », la chair désignant la personne tout entière, corps et âme dans son unité et son intégralité.La chair qui ressuscite porte la marque de tout ce qu’un être humain a vécu au long de sa vie, dans la manière dont il s’est comporté vis-à-vis de Dieu, des autres, de lui-même.C’est bien cela que nous évoquons lorsque nous faisons mémoire de ceux qui nous ont quittés.Cette résurrection que la foi chrétienne reconnaît à Jésus sera un jour la nôtre, c’est celle de Marie que nous fêtons aujourd’hui en son Assomption
Marie de la terre
Les choses du ciel nous feraient-elles oublier les choses de la terre ? Non ! Fêter aujourd’hui Marie, chanter avec elle « magnificat » c’est comprendre que Dieu ne reste pas indifférent à notre vie terrestre et donc que nous-mêmes ne pouvons y rester indifférents.Marie la croyante : « Heureuse celle qui a cru ». C’est la démarche déterminante que reconnaît Élisabeth chez sa cousineUn cadeau est d’abord l’acte du donateur mais il n’est définitif que lorsqu’il a été reçu et accepté par le bénéficiaire. Le don unit l’un à l’autre d’une manière définitive.Marie est la première des croyantes. Elle donne l’exemple de la foi qui n’est pas un faire mais un recevoir. Renoncer à soi pour laisser faire Dieu en nous. Cette parole toute simple ! « Je suis la servante du Seigneur »La vie de Marie, c’est d’accomplir la volonté de Dieu.Jésus le rappelle quand sa mére et sa famille le cherchent. « Qui sont mes frères, ma mère ? Ceux qui font la volonté de mon Père » (Marc, 3, 35).Ce que le Christ voudra réaliser jusqu’au bout : « Père, non pas comme je veux, mais comme tu veux » (Mat 26,40).
Marie mère de l’Eglise
Dans l’évangile de Jean deux passages nomment Marie, mère de Jésus. Au début, à Cana ; « Ils n’ont plus de vin » ; Marie celle qui voit les besoins des hommes et intercède pour eux.Un autre passage, la mère de Jésus est au pied de la croix : « Elle se tenait debout ». Marie, celle qui offrira sa vie avec celle de son fils et qui devient notre mère : « Voici ton fils ».Autre passage au début des Actes des Apôtres. Marie à la Pentecôte soutient la foi des disciples pour l’élan missionnaire de l’Église, hier et aujourd’hui.Dans le « magnificat » sont mentionnés les puissants et les humbles, les riches et les pauvres. Réalités bien concrètes aujourd’hui dont tant de personnes, tant de pays se retrouvent victimes. Certains voudraient nous faire croire que c’est naturel, que c’est la fatalité.Dans son cantique Marie projette une autre lumière de salut et de libération. Il nous revient à tous et à chacun de les vivre personnellement et de les mettre en oeuvre dans nos divers engagementsL’eucharistie que nous célébrons dans la mémoire du Christ et de Marie nous en donne le désir, la joie et la force de commencer à les réaliser.
AMEN J-M Roumégoux
☛ Fontaudin - 18ème dimanche - 2 août 2020
Matthieu 14, 13-21
Jésus fatigué par ces journées harassantes où il est sollicité de toutes parts, bouleversé par l’annonce de la mort de Jean-Baptiste, se retire dans un endroit désert. Il est bien vite rattrapé par les foules avides de sa parole et de guérisons
Saisi de compassion il enseigne et guérit.
A l’initiative des disciples un autre événement se prépare qui les marquera, qui a marqué les première générations et qui nous marque aujourd’hui et jusqu’à la fin des temps :
Le pain cadeau : pain de louange
Le pain rompu, pain du sacrifice
Le pain partagé, pain de l’unité
Le pain cadeau, pain de louange
Ce n’est pas pour rien que les gestes de Jésus à ce moment, le soir venu, sont les mêmes qui seront décrits le soir du Jeudi-saint et lors de la rencontre des disciples d’Emmaüs. Jésus prenait l’attitude du père de famille président un repas. Il n’y a pas de repas juif sans bénédiction du pain, sans « action de grâce à Dieu ». Le mot action de grâce se traduit en grec par « eucharistia ».
Le pain que nous mangeons est le fruit de la terre et du travail des hommes mais il est d’abord un don de Dieu. Le grain de blé en terre ne donnerait jamais un épi si Dieu ne lui accordait la croissance. La science et la technique risquent de nous faire oublier cette vérité élémentaire et nous savons que le travail des hommes ne suffit pas à nourrir tous les hommes. Pire il peut devenir instrument d’égoïsme et d’asservissement, destructeur de la dignité humaine.
Jésus bénissait Dieu pour le don de la nourriture quotidienne et nous a dit de demander à Dieu chaque jour notre pain quotidien.
Pain rompu, pain du sacrifice
A Emmaüs c’est au moment où Jésus rompt le pain et le donne aux disciples que ceux-ci le reconnaissent. Les premiers chrétiens appelaient l’eucharistie, la messe, la fraction du pain. Dans l’évangile de Jean on ne trouve pas le récit de l’institution de l’eucharistie A la place il y a le récit du lavement des pieds. Mais tout le discours après la Cène est là pour expliquer, expliciter, le sens que Jésus donne à sa mort prochaine : son amour jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême, amour pour son Père du ciel et pour ses frères les hommes. La mort : la vie donné par amour.
Participer à l’eucharistie, c’est finalement offrir à Dieu le seul sacrifice qui lui agrée : l’acte d’amour de son Fils et l’offrande de notre vie pour le service de nos frères les hommes.
Le pain partagé, le pain de l’unité.
A chaque messe nous participons, par la communion, au corps ressuscité du Christ. Par lui nous nous retrouvons proches de tous nos frères les hommes. Communier nous engage pour aujourd’hui et pour demain. Grâce à chacun il peut y avoir dans le monde, au sein de la multitude, un peu plus d’amour, de vie et d’unité.
Ce que nous vivons symboliquement et réellement nous devons le déployer dans tous les gestes concrets de notre vie quotidienne, famille, école, travail, quartier, engagements sociaux ou politiques. Dans chaque groupe auquel nous appartenons nous sommes appelés, quelle que soit l’attitude des autres, à bâtir un monde de frères, à travailler à une civilisation d’amour...
Devant l’immensité de la tâche, dans notre monde marqué par les divisions, les guerres, les injustices nous serions tentés de nous décourager.
« Nous n’avons que cinq pains et deux poissons » disent les disciples de Jésus. Choses dérisoires pour 5.000 personnes. « Tous mangèrent à leur faim».
L’impossible, avec Jésus devient possible et force. C’est notre foi et notre espérance. AMEN
J-M Roumégoux